Le Mans, Cité Plantagenêt

De l’usage décoratif du genêt, les Aulerques (les quoi ?), les trous de boulin et l’opus mixtum, Studio Sherlock vous décrypte le patrimoine de la ville du Mans. Nous parlerons aussi des rillettes, mais vraiment très peu.
Mais commençons par le commencement. Le 1er avril (hasard du calendrier), Studio Sherlock débarque de bon matin au Mans, au cœur de la cité Plantagenêt (où ça ?) pour installer son stand. Les Journées Mans’Art peuvent commencer.

LES JOURNÉES MANS’ART

Journées Européennes des métiers d'art

JEMA 2017

Cette manifestation s’inscrit dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, et a pour objectif de valoriser le patrimoine, les différents savoir-faire et les métiers des arts et de la culture.

Stand de Studio Sherlock
Stand de Studio Sherlock

Les Journées Mans’Art sont un rendez-vous incontournable pour tous les professionnels et amoureux du patrimoine. Le temps d’un week-end, les acteurs du patrimoine exposent leur savoir-faire autour et dans la cathédrale Saint-Julien de la ville du Mans.
Partager autour d’une passion commune, le patrimoine, contribuer à la création d’une dynamique, à la transmission, permettre au public de rencontrer les professionnels et de découvrir leurs activités, telle est la philosophie de l’association organisatrice.

Pour cette 6e édition des journées Mans’Art, les acteurs du patrimoine se sont regroupés sous le signe de la métamorphose.
Suivre et observer la métamorphose d’un matériau brut en un objet d’art, comprendre la dynamique créative et le lien entre l’intelligence de l’esprit qui conçoit et celle de la main qui réalise.
A la lumière de ce thème, la participation de Studio Sherlock aux Journées Mans’Art prend tout son sens. Valoriser le patrimoine, mais également, en montrer la métamorphose lors des projets de restauration, rendre accessible le monde mystérieux qui se cache derrière l’échafaudage, la philosophie de Studio Sherlock s’inscrit parfaitement dans cette thématique.



Stand de Studio Sherlock

Les Journées Mans’Art ont été pour Studio Sherlock l’occasion d’aller à la rencontre du public, de faire connaître nos réalisations, nos moyens techniques, et de communiquer sur notre association de compétence, tout en partageant un moment de convivialité.
Les acteurs du patrimoine de la région Pays de la Loire ont ainsi pu découvrir notre agence de production audiovisuelle et notre philosophie le temps d’un week-end. Notre présence sur le salon, aura, nous l’espérons, inspiré des projets de valorisation du patrimoine !

Participer aux Journées Mans’Art est également l’occasion de (re)découvrir la vieille ville du Mans. Et si la plupart des gens connaissent avant tout Le Mans pour les rillettes ou pour les 24h du Mans, la ville regorge pourtant de bien d’autres trésors. Pour ceux qui en douteraient, faisons un petit détour par l’Antiquité.

LA COLLINE BLANCHE FORTIFIÉE

Le Mans n’est pas que la capitale de la rillette

— Anonyme —

A l’époque romaine, le territoire qui correspond à peu près au département de la Sarthe aujourd’hui, était occupé par un peuple Gaulois nommé les Cénomans. Avec leurs voisins Diablintes et Eburons, les Cénomans sont appelés les Aulerques. Ce peuple gaulois est notamment célèbre pour avoir envoyé 5000 hommes secourir (en vain) Vercingétorix à Alésia.

Après leur victoire, quelques années avant notre ère, les romains installent la capitale des Aulerques Cénomans sur un site élevé en bordure de rivière. Vindunum, qui signifierait « la colline blanche fortifiée » en celte, est mentionnée pour la première fois par le géographe Grec Ptolémée. Celui-ci recense les cités de l’Empire romain et en établit une cartographie, certes un peu fantaisiste mais assez remarquable rapportée aux moyens technologiques dont il disposait au 2e siècle de notre ère.


La Gaule selon Ptolémée au 2e siècle



Vindunum est réputée prospère et se développe. A la fin du IIIe siècle de notre ère, la ville se dote d’une enceinte. Elle passe alors du blanc au rouge.

LA VILLE ROUGE

On peut le dire sans être chauvin, l’enceinte de la ville du Mans est la mieux conservée de tout l’ancien empire romain, avec celles des deux capitales impériales : Rome et Byzance (Istanbul).

Construite à la fin du IIIe siècle (280-295), la muraille romaine dessine un quadrilatère irrégulier de 450 m de long sur 200 mètres de large.


Plan de l'enceinte



Les chiffres de sa construction son colossaux : 70 000 mètres cube de matériaux ont été utilisés.

40
Tours
8
Mètres de hauteur
4
Mètres d'épaisseur
400000
briques
140000
tonnes de pierres

Aujourd’hui, on peut encore admirer 11 tours. L’enceinte avait une fonction militaire défensive, mais a également été construite à la gloire du pouvoir impérial. Les décors qui agrémentent la muraille sont obtenus à l’aide de l’alternance de matériaux de couleurs différentes : la brique et la pierre de roussard de teinte rose/rouge d’une part et la pierre calcaire, de teinte beige clair de l’autre. Le tout est lié à l’aide d’un mortier contenant de la brique pilée, ce qui lui donne une couleur rose.
La pierre de roussard est un grès ferrugineux de couleur roussâtre omniprésent en Haute-Sarthe. Il s’agit donc d’un matériau qui fait partie du patrimoine local.
C’est l’utilisation de ces matériaux qui vaudra le sobriquet de « ville rouge » au Mans. En effet, « ville rose » était déjà pris par Toulouse.

Très tôt, la valeur historique et architecturale de l’enceinte est reconnue. Elle est en effet classée au titre des Monuments Historiques dès 1862.
Ces 1300 mètres de muraille ont été construits en opus mixtum agrémenté de motifs géométriques décoratifs qui en font en effet une réalisation exceptionnelle.



Il s'agit d'une construction typiquement romaine en opus mixtum.

Dans l’architecture de la Rome Antique, on distingue différents types d’appareil (opus en latin). L’appareil désigne la manière dont les moellons ou les pierres de taille sont assemblés.
Les appareils les plus utilisés sont les suivants :
– l’opus incertum : appareil irrégulier,
– l’opus reticulatum : damier parfait en lignes diagonales,
– l’opus mixtum : chaînage de briques alterné avec un appareil de pierres régulier,
– L’opus vittatum : petits moellons de pierre disposés en assises régulières alternées,
– L’opus testaceum : appareil entièrement en briques.

Différents type d'opus



Et ces trous dans la muraille ?

Élémentaire mon cher Watson !

Il s’agit de trous de boulins. Les boulins sont les poutres d’échafaudage horizontales qui étaient posées pendant la construction au moment de débuter la maçonnerie. Vous pouvez en repérer sur bon nombre de bâtiments anciens. Connaissance idéale pour briller en société.



Trous de boulins

LA CITÉ PLANTAGENÊT

Chevet de la cathédrale Saint-Julien



Les stands des Journées Mansart sont installés au pied de la cathédrale Saint-Julien, au cœur de la cité Plantagenêt. La vieille ville, protégée par un secteur sauvegardé depuis 1974 est un dédale de ruelles pavées où se côtoient maisons en pans de bois et hôtels Renaissance. La ville du Mans, labellisée « Ville d’Art et d’Histoire » est par ailleurs candidate au Patrimoine Mondial de l’Humanité (UNESCO).

La vieille ville du Mans a été baptisée cité Plantagenêt en 2003 afin d’en affirmer l’identité et de rendre hommage à la dynastie Plantagenêt dont le fondateur, Geoffroy, compte d’Anjou et du Maine est né au Mans en 1113.

La dynastie Plantagenêt ? Jamais entendu parler !

Vous avez vu Robin des Bois ? Alors vous connaissez au moins un Plantagenêt !!



La dynastie Plantagenêt

Les historiens ne sont pas unanimes sur l’origine du nom « Plantagenêt ». La théorie en vogue voudrait qu’il s’agisse d’un surnom donné à Geoffroy. Celui-ci aurait en effet porté une branche de genêt plantée dans son chapeau. Cette habitude aurait donné son nom à l’ensemble de sa dynastie.
Car si Geoffroy n’était à la naissance « que » comte d’Anjou et du Maine, il ne s’arrêtera pas là. L’avènement de la dynastie commence par son mariage avec Mathilde, la veuve de l’Empereur d’Allemagne, la petite fille de Guillaume le Conquérant. Cerise sur le gâteau, Mathilde est l’héritière du royaume d’Angleterre et du duché de Normandie. On peut dire qu’elle n’est pas venue les mains vides.
Comme son père, ce ne sera pas par son travail ou son talent qu’Henri agrandira son territoire, mais par son mariage. En 1152, le fils de Geoffroy et Mathilde épouse Aliénor d’Aquitaine, fraichement séparée de son auguste époux Louis VII, roi de France. Leur mariage vient d’être annulé après 15 ans de vie commune et deux enfants pour motif de consanguinité. Cet évènement a pour effet de transférer l’ensemble du sud-ouest de la France, apporté en dot par Aliénor, de la couronne de France à la couronne d’Angleterre, et d’agrandir spectaculairement le territoire des Plantagenêt. On notera que le degré de parenté de Mathilde avec Henri est le même qu’avec Louis, mais il s’agit probablement là d’un détail.

L'Empire de la dynastie Plantagenêt

En 1154, c'est la consécration, Henri est couronné Roi d'Angleterre.

Henri II, roi d’Angleterre et Aliénor auront 8 enfants : 5 fils et 3 filles.
Après la mort de leur ainé Guillaume, leur deuxième fils, Henri (comme son papa) deviendra Henri Le jeune, et épousera la fille de l’ancien mari de sa mère, Marguerite (qui est donc la fille de Louis VII, Roi de France, au cas où cela n’était pas clair).
C’est leur troisième fils qui est probablement le plus célèbre représentant de la dynastie Plantagenêt. Richard 1er, roi d’Angleterre est aussi appelé Richard Cœur de Lion par les Français.

Richard Coeur de Lion

Roi d’Angleterre, duc de Normandie, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d’Anjou Richard cumule les titres. Son règne en tant que Roi d’Angleterre durera 10 ans, au cours desquels il n’y séjournera que quelques mois. Par ailleurs, il n’apprit jamais l’anglais. Il utilisera toutes ses ressources pour partir à la troisième croisade où il épousera à Chypre Bérengère de Navarre. Il se battra ensuite contre Philippe Auguste, roi de France pour préserver ses (larges) territoires français. Considéré comme un héros en son temps, il était également poète et écrivait ses compositions en occitan. Il meurt en 1199 victime d’un carreau d’arbalète et sa veuve Bérengère s’installe en 1204 dans la ville du Mans où elle occupera pendant 25 ans le palais royal.

Le plus jeune frère de Richard, Jean sans terre, lui succèdera sur le trône d’Angleterre. C’est pendant son règne que la Normandie fut perdue. Commence alors le déclin de la dynastie Plantagenêt. Mais nous préférons rester sur une note positive, aussi nous arrêterons-nous là.

Roi d'Angleterre, duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou, ou plus modestement, Richard Cœur de Lion

Visiter Le Mans : http://www.lemans-tourisme.com/fr/

Posted on 17 avril 2017 in Patrimoine architectural

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